Le nouveau bureau élu lors de l’AG 2022

L’Ajéduc (Association des journalistes éducation-recherche) a élu, à l’unanimité, son nouveau bureau, le mercredi 16 mars 2022 lors de son assemblée générale ordinaire.

Il est composé de cinq personnes :

  • Dahvia Ouadia (L’Etudiant/EducPros), élue présidente (vice-secrétaire en 2021)
  • Emma Ferrand (Le Figaro Etudiant), vice-présidente (secrétaire en 2021)
  • Camille Mordelet (AEF info), trésorière (élue pour un premier mandat)
  • Maud Kenigswald (Le Figaro Etudiant), secrétaire (élue pour un premier mandat)
  • Clément Rocher (L’Etudiant EducPros), vice-secrétaire (élu pour un premier mandat)

Le nouveau bureau entend poursuivre l’action des équipes précédentes, que nous remercions au passage, en appuyant et en facilitant le travail de tous les journalistes spécialistes de l’éducation, de l’enseignement supérieur et de la recherche.

Missions et priorités du nouveau bureau

Pour ce nouveau mandat, les membres du bureau souhaitent redynamiser ces liens et reprendre des activités d’avant Covid. Nos objectifs : proposer des rencontres on et off avec des acteurs de l’éducation et de l’enseignement supérieur lors d’événements en présentiel, continuer de proposer aux membres de l’association des ateliers pour faciliter leur travail, et rendre l’Ajéduc plus visible auprès des journalistes qui gravitent dans notre éco-système.

D’ailleurs, le premier atelier organisé par le nouveau bureau portera sur les entreprises qui prennent de plus en plus de place dans le paysage de l’enseignement et l’hybridation des formations : les edtech. Plus d’informations seront à venir ces prochains jours.

Nous souhaitons aussi poursuivre la consolidation des liens entre les journalistes du secteur grâce à nos réseaux sociaux (Facebook et Twitter) et notre groupe WhatsApp, où sont échangées des informations, des idées ou des offres de piges ou d’emploi, entre autres.

Principaux événements organisés en 2021

Cette année 2021 a de nouveau été marquée par la crise du Covid-19. Le bureau de l’Ajéduc s’est mobilisé pour recréer du lien entre les membres de l’association en proposant des ateliers en ligne, en créant un groupe WhatsApp pour échanger facilement entre confrères et consœurs et en organisant, autant que possible en raison des restrictions sanitaires, des moments de convivialité l’été et à la rentrée.

L’AG a été l’occasion de revenir sur les principales actions réalisées :

  • La mise en place d’ateliers en distanciel : “Journaliste en temps de crise – mode d’emploi”, le 1er avril 2021, avec Julie Lanique, Sandrine Chesnel et Sylvie Lecherbonnier ; Rencontre avec Béatrice Gilles, présidente du Conseil d’évaluation de l’école, le 18 mai 2021 ; Webinaire sur les nouveaux formats journalistiques, le 19 octobre 2021, avec Nalini Lepetit, Louise Tourret et Emma Ferrand
  • La signature d’une tribune avec les autres associations professionnelles de journalistes sur les conditions d’exercice de notre métier en période de crise, publiée dans Libération, le 21 mai 2021
  • La rédaction d’une lettre ouverte à destination du Sigem le 21 juillet 2021, concernant la période de non-communication des écoles membres, suivi d’un rendez-vous avec le Sigem, le 6 octobre 2021, en présence de Nicolas Arnaud, Julie Lanique et Dahvia Ouadia
  • La création du groupe WhatsApp « Les membres de l’Ajéduc » qui comptabilise aujourd’hui une trentaine de participants. 

Pour rester en contact avec l’Ajéduc, rencontrer des journalistes de l’association, en savoir plus sur notre métier ou même rejoindre l’association, une seule adresse à retenir : journalisteduc@gmail.com

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Le nouveau bureau élu lors de l’assemblée générale 2019

L’Ajéduc (Association des journalistes éducation-recherche) a élu, à l’unanimité, son nouveau bureau, le 21 octobre 2019 lors de son assemblée générale ordinaire.

Il est composé de :

  • Wally Bordas (Le Figaro Etudiant), réélu comme président pour un second mandat ;
  • Julie Lanique (AEF Info), élue pour un premier mandat de vice-présidente ;
  • Théo Haberbusch (News Tank), secrétaire ;
  • Clarisse Watine (Monde des grandes écoles et Universités), vice-secrétaire ;
  • Ariane Despierres Féry (L’Etudiant), trésorière ;
  • Marine Richard (pigiste), vice-trésorière.

Le nouveau bureau entend poursuivre l’action des équipes précédentes en appuyant et en facilitant le travail de tous les journalistes spécialistes de l’éducation, de l’enseignement supérieur et de la recherche. 

Le champ du journalisme éducation est en effet marqué par une grande diversité dont l’Ajéduc est le reflet.

Une soixantaine de professionnels

L’association regroupe une soixantaine de professionnels, travaillant pour tous les médias, des plus généralistes aux plus spécialisés, à Paris et partout en France. Ils œuvrent pour tous les types de support : presse écrite, web, agence, radio ou télévision. 

Certains sont intégrés à une rédaction mais un nombre grandissant d’entre eux travaillent pour plusieurs supports en qualité de pigistes. Ce sont pleinement des journalistes qui doivent être destinataires de toutes les invitations et invités à tous les événements.

Le rôle de l’Ajéduc est également de créer du lien et de dépassionner certains sujets en les portant à un niveau collectif. Par exemple, en expliquant aux administrations et organisations les enjeux et les besoins des journalistes éducation.

L’association souhaite également multiplier les événements et rencontres avec les acteurs de l’écosystème.

Enfin, l’Ajéduc se veut un espace de dialogue et d’échange entre journalistes, notamment pour faire circuler les opportunités professionnelles et discuter des enjeux auxquels notre métier est confronté. 

Les principaux événements de l’année écoulée

L’AG a notamment été l’occasion de revenir sur les événements suivants : 

  • Les enjeux de la rentrée vus par la CPU (04/10/18) ;
  • Rencontre avec la ministre Vidal et Jérôme Teillard, ils présentent en exclusivité pour l’Ajéduc les nouveautés 2019 de la plateforme (08/01/2019) ;
  • Prise de parole du président de l’Ajéduc Wally Bordas, à l’occasion des voeux du ministre Jean-Michel Blanquer ;
  • Rencontre avec le bureau de la Conférence des grandes écoles (12/03/19)
  • Rencontre Parcoursup et ses conséquences  pour l’orientation sous le regard des chercheurs  (18/06/19).

Nicole Gauthier : « L’Ajéduc a deux ancêtres »

Journaliste et universitaire, Nicole Gauthier est directrice du Cuej (Centre universitaire d’enseignement du journalisme, Université de Strasbourg) depuis 2009. C’est à la rubrique éducation qu’elle a fait une bonne partie de sa carrière dans la presse, notamment pour Libération, où elle a aussi été correspondante dans l’Est et cheffe du service Grand Angle.  

L’Ajéduc lui a demandé de lui ouvrir son « armoire aux souvenirs » pour découvrir les associations de journalistes éducation et universitaires qui l’ont précédée. 

Ajéduc : Quel a été votre parcours dans le journalisme éducation?

NG_faceIl a débuté avec Christian Beullac sous Valéry Giscard d’Estaing, et s’est terminé avec Lionel Jospin pendant le deuxième septennat de François Mitterrand.
J’ai commencé, ou presque, ma carrière à L’Education, un magazine hebdomadaire spécialisé dans les questions scolaires et universitaires, qui traitait à la fois d’actualité éducative et d’enjeux pédagogiques.
C’était il y a 40 ans, et beaucoup des sujets polémiques de l’époque ressemblent étonnamment à ceux d’aujourd’hui : l’apprentissage de la lecture avec les anathèmes contre la méthode dite globale, la sempiternelle baisse de niveau, les rythmes scolaires, et j’en oublie…
La revue ferme à l’été 1984, et après quelques mois de piges je rejoins un nouvel hebdomadaire en création, La Lettre de l’éducation, financé par les mutuelles enseignantes (MAIF, CAMIF, MGEN…) qui apparaissaient alors comme le bras financier de la galaxie enseignante laïque (dans l’orbite de la FEN, de son principal syndical, le SNI-PEGC, du CNAL, le Comité national d’action laïque).
Concrètement, il s’agit d’un supplément inséré dans le quotidien Le Matin de Paris, alors dirigé par Max Gallo (secondé par un certain François Hollande), censé drainer le lectorat enseignant.
L’initiative fait long feu, mais pour ce qui me concerne, je n’y reste que quelques semaines, débauchée par Libération dont la rubrique éducation compte alors, luxe inouï, deux journalistes.
J’intègre donc Libération en janvier 1986, et je reste dans la rubrique jusqu’en décembre 1990.
Pour faire un peu d’archéologie ministérielle, j’ai donc connu à cette rubrique les ministères Beullac et Saunier-Seïté, Savary, Chevènement, Monory et Devaquet, Jospin et quelques autres, avec 3 alternances politiques et un certain nombre de mouvements de masse, de reculs, de passage en force.

A quelles initiatives collectives avez vous participé qui pourraient faire écho à l’Ajéduc aujourd’hui ?

L’Ajéduc a un, et même deux ancêtres, l’APIJ (Association presse information jeunesse) et l’AJU (Association des journalistes universitaires).
  • L’APIJ a été créée en 1966, elle regroupe les journalistes éducation, mais aussi tous ceux qui s’intéressent de façon plus générale aux questions de jeunesse. Elle milite activement, en ces temps où le CLEMI n’existe pas, pour l’introduction de la presse et des médias à l’école, en tous cas pour que la presse ne soit pas seulement considérée comme un auxiliaire d’enseignement (démarche déjà audacieuse pour l’époque), mais aussi comme objet d’étude. Il s’agit – déjà – de réduire le fossé entre les médias et les jeunes, et en ces temps d’avant Internet, de mettre journaux et magazines dans les mains de tous les collégiens et lycéens. L’APIJ bénéficie de subventions du ministère de la Jeunesse et ses sports, dispose de locaux et salarie une secrétaire.
  • L’AJU, créée en 1971, intervient de manière plus spécifique dans le champ scolaire et universitaire, et notamment sur la défense de l’accès à l’information des journalistes (publication des rapports, visites ministérielles, accès des médias à l’information parfois complètement verrouillée).
L’APIJ et l’AJU ont organisé plusieurs colloques sur l’introduction de la presse à l’école. Elles animent aussi des débats sur l’information, les jeunes et la politique de la jeunesse (éducation sexuelle, drogue, etc.).
Elles éditent une lettre d’information hebdomadaire (ronéotée) envoyée tous les vendredis à tous les adhérents par voie postale.
L’AJU attribue chaque année un prix à un ouvrage (Robert Bréchon pour La fin des lycées, Gérard Vincent pour Le Peuple lycéen…), organise des déjeuners thématiques à destination de ses adhérents, etc.
Donc pour répondre à la question, oui, j’ai participé à de nombreux événements organisés par l’une ou l’autre de ces associations dont j’ai été membre du bureau.

Un souvenir marquant lié à ces associations?

Il y en a beaucoup. Pour les actions « corporate »: le bras de fer avec la ministre des Universités, Alice Saunier-Seïté et son équipe, qui refusaient tout contact avec les journalistes débarquant en force au ministère, rue Dutot.

Sinon, les débats entre journalistes pour donner une visibilité aux jeunes dans les médias.

 

Aujourd’hui, quel doit être le rôle d’une association thématique comme l’Ajéduc?

Je suis influencée par ce que j’ai connu et la réponse a forcément une détestable connotation « ancien combattant ». Tant pis.
  • Défendre et porter les sujets éducation et sup dans tous les médias ;
  • assumer le côté expert des questions d’éducation (en gros, faire gentiment comprendre à son rédacteur en chef que ce n’est pas parce qu’il a ses deux gamins dans un lycée parisien que son point de vue est pertinent);
  • participer au débat public autour de l’école et de l’Université;
  • et pourquoi pas contribuer à la formation de jeunes collègues et/ou à la formation continue de plus anciens sur les enjeux du scolaire et du supérieur.

Propos recueillis par Théo Haberbusch

Rencontre avec le bureau de la Conférence des Grandes Ecoles

16 journalistes ont échangé avec 9 directeurs de grandes écoles, membres du bureau de la CGE le mardi 16 janvier. En cette période de réformes, deux sujets ont dominé les échanges : ParcourSup et la réforme de l’apprentissage. Mais déjà, la CGE a d’autres combats collectifs en tête…

ParcourSup

Les écoles accessibles après classes prépa se sont mobilisées auprès de ces dernières pour obtenir la possibilité de vœux groupés. Pour les écoles accessibles post bac, la situation est hétérogène, certaines n’étant pas sur la plateforme (par choix) afin de pouvoir travailler sur leur visibilité et surtout entrer en contact avec les étudiants au moment de leur choix (cette année les établissements ne seront pas autorisés à communiquer avant le 22 mai). Des questions qui devront être éclaircies avant l’obligation pour tous les établissements de figurer sur la plateforme en vue pour 2020.

La CGE a rappelé militer pour l’accès des étudiants à la filière de leur choix. Cela passant par toujours plus de transparence sur les filières, leurs attendus, leurs débouchés, les cursus. La CGE est engagée depuis des années dans une politique de communication et de mentorat vers les lycéens, notamment les plus éloignés de leur écosystème, pour faire savoir que c’est possible. La CGE a signé un partenariat avec l’Agence du service civique pour développer encore ces actions.

Réforme de l’apprentissage

15 % des diplômés des grandes écoles le sont par la voie de l’apprentissage. L’objectif est d’atteindre les 25 % à l’horizon 2025. Pour cela la CGE a insisté sur la nécessité d’avoir le système de financement, de pilotage et de gouvernance adéquat. Les écoles considèrent l’apprentissage comme une filière d’excellence, un dispositif pédagogique alternatif levier d’ouverture sociale, professionnalisant et menant à une insertion rapide et de qualité.

Côté financement, la CGE insiste sur la nécessité d’avoir une prise en charge du coût par étudiant suffisante, certaines écoles connaissant déjà des difficultés. Ce combat est mené conjointement avec la CPU et la CDEFI. Concernant le hors quota (la part barème versée par les entreprises à l’établissement de leur choix), cette part a déjà baissé de 37 % en moyenne. La CGE parle de péril si la baisse devait se poursuivre et explique avoir eu des échos rassurants sur sa stabilisation.

La CGE s’est félicitée de l’assouplissement sur le front des regroupements dans le supérieur. L’enjeu pour les grandes écoles étant de conserver ce qui fait leur efficience et leur agilité (personnalité morale, marque, sélectivité, professionnalisation, recherche, lien avec l’entreprise, international…) Les écoles membres de la CGE sont ainsi engagées dans le mouvement de définition de nouveaux modèles de regroupements.

La CGE a annoncé son combat pour 2018 : obtenir le grade de Licence (DNL) pour les Bachelors des grandes écoles. Le grade de Licence existe pour d’autres écoles, hors université, comme les écoles d’infirmier(e)s. Obtenir le grade serait un indicateur de qualité pour les étudiants à l’heure où ces formations foisonnent sur le marché, et est aussi essentiel dans la perspective de la poursuite d’études et des équivalences.

Des dizaines de CFA en danger de fermeture selon les Chambres de commerce et d’industrie

Pierre Goguet, Président de CCI France répond à « La question de l’Ajéduc »

Ajéduc : Quels sont les risques de la réforme de l’apprentissage pour les établissements du réseau consulaire ?

Pierre Goguet : La mission des Chambres de commerce et d’industrie (CCI) est de créer de la formation en fonction des besoins des bassins d’emploi, en lien avec des branches qui n’ont pas la capillarité territoriale suffisante pour mener à bien ces actions. A la fois collecteur de la taxe d’apprentissage et opérateur, le réseau des CCI est à la confluence des besoins des territoires et des branches : nous pensons pouvoir jouer un rôle de pilote dans l’avenir de l’apprentissage.

Mais le projet de réforme et sa coupe budgétaire de 150 M€ pour le réseau ne vont pas forcément en ce sens et impliquent des risques réels pour nos formations :

– La fermeture de dizaines de centres de formation d’apprentis (CFA). La taxe d’apprentissage devrait suffire au financement des CFA mais, dans les faits, ce n’est pas toujours le cas. Les CCI leur allouent donc des subventions d’équipement issues de leur taxe pour frais de chambre, une taxe perçue par les CCI pour assurer le financement de leur fonctionnement.

Si le rapport de l’Inspection Générale des Finances sur la réduction du portefeuille des métiers des chambres leur interdit d’allouer une quote-part de cette taxe à l’apprentissage, que vont devenir les CFA ? Car si les fonds issus de la taxe pour frais de chambre n’ont pas vocation à être utilisés pour l’apprentissage, force est de constater qu’elle contribue de façon substantielle à son financement. Sans elle, près de 30 CFA se retrouveraient en danger de fermeture, à moins qu’un conseil régional ou une branche prenne le relais, ce dont je doute.

– La suppression de formation de niches. Avec la rémunération des CFA au contrat, le projet de réforme induit un système poussant à la volumétrie et donc à privilégier des filières porteuses au détriment des formations de niche et de certains territoires déjà en proie à la désertification. Un système qui implique aussi l’éloignement des entrepreneurs et des CFA ainsi qu’un accompagnement des entreprises et des élèves moins personnalisé.

-Un risque lié au développement du statut d’établissement d’enseignement supérieur consulaire (EESC) et l’ouverture du capital aux investisseurs étrangers. Un statut qu’on dit salvateur mais qui a pourtant un gros défaut en ce qu’il interdit la rémunération des plus-values. Pour un investisseur, le retour sur investissement est faible, sauf à racheter l’école dans son intégralité.

-L’affaiblissement de la démocratisation des grandes écoles qui vont devoir pallier ces coupes budgétaires par une augmentation de leurs frais de scolarité.

Mais nos préoccupations ne reposent pas tant sur cette nouvelle coupe budgétaire (nous en avons déjà subi de nombreuses et avons toujours su rebondir), que sur la brutalité de son application qui doit être réalisée en 3 mois seulement. Comme le dit Kierkegaard, « le chemin est difficile mais c’est le difficile qui est le chemin »

Propos recueillis par Clarisse Watine (Le Journal des Grandes Ecoles et Universités)

 

Rencontre Ajéduc lundi 4 décembre à 9h dans les locaux du Monde: «Une école commune est-elle encore possible?»

Dans l’éternel débat sur l’école, l’heure est au creusement des clivages. Certains ne jurent que par les « fondamentaux », honnissent le « pédagogisme ». D’autres exaltent l’innovation, la créativité, l’empathie… ou se réfèrent aux pédagogues de l’émancipation… ou encore prônent une « liberté scolaire » dégagée de l’État. Chacun attendant de l’école qu’elle soit adaptée à ses options personnelles, une école de tous et pour tous est-elle encore possible ? Pour en débattre, l’Ajéduc réunit deux structures très différentes : le think tank Vers le Haut et le collectif Questions de classe(s).

le lundi 4 décembre à 9h00, dans les locaux du Monde

(entrée par le 14, rue Paul-Gervais, 75013)

Vers le Haut, créé en 2015, se définit comme un « Centre d’études et d’actions dédié aux jeunes, aux familles et à l’éducation », qui « élabore et diffuse des propositions dans le débat public » et veut « porter un projet éducatif ambitieux pour la jeunesse, adapté aux défis du 21ème siècle ». unnamed (1)

Vers le Haut est lié à une série d’organisations comme les Apprentis d’Auteul, l’Armée du salut, le Collège des Bernardins, les Scouts musulmans de France, etc. Son délégué général, Marc Vannesson, vient de publier Tous éducateurs. Et vous ? (Bayard), un livre-manifeste en faveur d’une « nouvelle alliance éducative » permettant de « contrer la barbarie ».

Questions de classe(s), se présente comme un collectif militant proposant « un espace alternatif et sans esprit de concurrence au service de tous ceux et celles qui luttent pour changer la société et son école ».

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Il est aussi « un site internet coopératif autour des luttes sociales et des pratiques pédagogiques visant l’émancipation ». Questions de classe(s) publie aussi la revue sur papier N’autre école, dont le 7e numéro, qui vient de paraître, est consacré aux pédagogies alternatives. Un de ses responsables, Grégory Chambat, professeur de collège, a publié en 2016 L’école des réac-publicains: la pédagogie noire du FN et des néoconservateurs (Libertalia).

Danièle Manesse: « L’écriture inclusive ne divise pas entre droite et gauche »

La question de l’Ajéduc à Danièle Manesse*, professeure émérite de sciences du langage, université Sorbonne nouvelle Paris III

Crédit photo SNUipp-FSU

Question: Ce qu’on appelle « l’écriture inclusive » relève-t-il d’un combat féministe de gauche?

D. Manesse. Combat de gauche ? Ce ne fut ni celui de George Sand, de Louise Michel, de Simone de Beauvoir, ni d’Antoinette Fouque, à ma connaissance. Si être de gauche, c’est chercher à accroitre* les droits de ceux qui en sont privés, tout féminisme est de gauche. Mais je ne pense pas que les femmes gagnent quoi que ce soit à cet artifice de lettrés. L’écriture inclusive ne divise pas entre droite et gauche, et l’adhésion bruyante de certains milieux révèle surtout le conformisme politiquement correct et la peur d’être taxé de machisme. Au départ, il y a l’effet Knock, (« les gens bien portants sont des malades qui s’ignorent ») : les femmes doivent prendre conscience de leur écrasement par les formes de la langue. La cause procède par intimidation, argument d’autorité, culpabilisation (« seul·es les partisan·es de la domination masculine devraient s’étouffer devant l’écriture inclusive »).

Les sociétés indo-européennes étaient patriarcales, leurs langues en portent des traces. Mais la grammaire, l’ordre de la langue, n’est pas le monde, la réalité concrète de la vie ; l’anglais ou le coréen ne sont pas plus « féministes » que le français parce qu’ils n’accordent pas en genre. L’Académie eut au XVIIè pour mission de stabiliser le français fleurissant en tout sens, et l’a fait avec les catégories de l’époque : comme notre nouveau clergé féministe de la langue, l’abbé Bouhours confondait la grammaire et le monde. Ce débat surchauffe les médias tétanisés et on confond des choses bien différentes :

– Une question de lexique, qui, en effet, relevait d’une censure machiste. Il est normal d’avoir des mots disponibles pour désigner les métiers et statut des femmes ; des textes officiels sont disponibles depuis 30 ans ! Rappelons que l’expression « invisibilité des femmes » a surgi sur ce thème des métiers. Nul doute que l’avocate acharnée à se faire appeler « madame l’avocat et cher confrère » dit quelque chose de son rapport au pouvoir.

– Une règle de grammaire qui prescrit que le « masculin l’emporte sur le féminin ». Ce n’est pas son sexisme qui la rend problématique mais son «invraisemblance » dans certains cas : « mes quatre cousines et leur père sont contents ? ». Il suffit de traiter au cas par cas, s’il y a conflit, en appeler à la variation possible, à la transgression exceptionnelle de la règle, comme on le fait à l’oral. Nul besoin de changer la règle générale mais améliorons sa formulation si on la juge agressive : le « genre dit masculin » neutralise au pluriel l’opposition entre les noms féminins et masculins…

– Le bouleversement de la chaine écrite, enfin, témoigne de l’ambition d’une caste lettrée à confisquer le bien commun : elle a le droit de chahuter la langue écrite ! L’unité de la langue écrite, c’est le mot ? Peu importe, elle charcute pour ses besoins son ordonnance à l’écrit et les mots disloqués brisent syntaxe et morphologie. Elle jubile à élargir la distance entre l’oral et l’écrit, à rendre la langue écrite impossible à oraliser. Si 20% de la population a une maitrise insuffisante de la langue écrite à 16 ans, cela ne la concerne pas, pas plus que les difficultés de l’enseignement de la lecture à plus d’un million d’enfants par an. Elle est au-dessus.

Propos recueillis par Luc Cédelle

  • Danièle Manesse est notamment coauteure (avec Danièle Cogis) de Orthographe, à qui la faute? (ESF, 2007) et a dirigé Le français en classes difficiles. Le collège entre langue et discours (ENS Lyon, 2003)
  • L’édition de ce texte, à la demande de Danièle Manesse, applique les recommandations de 1990

Quelle formation et quelles écoles de journalisme au XXIe siècle? Rencontre Ajéduc avec Joe Foote, président du conseil mondial des écoles de journalisme

59fffa46bbddbd051d3bb199La France organisera le Congrès mondial des écoles de journalisme, en juillet 2019.
Joe Foote, président du Conseil mondial des écoles de journalisme, de passage à Paris pour préparer cet événement, rencontrera les membres de l’Ajéduc autour d’un petit déjeuner.


Il interviendra aux côtés de Pascal Guénée, directeur d’IPJ-Paris Dauphine, secrétaire général de la conférence des écoles de journalisme & Chairman du comité d’organisation du 5e WJEC Paris 2019.
Ensemble, ils préparent avec l’Unesco une initiative pour affirmer qu’il ne peut y avoir de médias libres et indépendants sans une formation au journalisme de qualité, et disposant des moyens et de l’indépendance nécessaires.

 

  • Lieu et horaire: jeudi 30/11/2017 à 9h précises à IPJ-Paris Dauphine (24, rue Saint-Georges, 75009 Paris).
  • Inscription obligatoire via ce formulaire en ligne.
  • Participation réservée aux membres à jour de leur cotisation (possibilité d’adhérer le jour même).
Joe Foote est doyen du Gaylord College of Journalism and Mass Communication d’University of Oklahoma. Monument de l’enseignement du journalisme aux Etats-Unis, il est à l’origine de la création du Conseil mondial des écoles de journalisme.
Ce militant infatigable de la formation au journalisme partira dès le lendemain de notre rencontre à Karachi au Pakistan, région où il mène des projets depuis plus de 20 ans.

François Bonvalet : « L’augmentation des frais de scolarité est inéluctable et souhaitable pour le pays »

François Bonvalet ©TBS

François Bonvalet, DG de Toulouse Business School (TBS) répond à « La question de l’Ajéduc » sur l’évolution des frais de scolarité dans les établissements d’enseignement supérieur.

Ajéduc : Va-t-on vers une augmentation inéluctable des frais de scolarité dans les business schools et plus largement dans le supérieur ?

François Bonvalet : « L’augmentation des droits de scolarité engagée dans les grandes écoles et en particulier les business schools, n’est pas terminée ! Nos enjeux comme notre terrain de jeu et nos concurrents, sont internationaux. Nous devons nous doter des moyens de rivaliser, de maintenir notre haut niveau et notre attractivité alors même que nos dotations se réduisent drastiquement.

Ce questionnement ne doit pas concerner uniquement les écoles. Nous connaissons le coût réel de nos programmes « grande école », calculé pour les Centres de Formation des Apprentis (CFA). A TBS, il se monte à 13 540 €/élève/an et nous facturons des frais de scolarité de 10 800 €/an. C’est un modèle extrêmement vertueux pour les finances publiques !

Retour sur investissement

En effet, les études nous disent que le « coût de production » d’une année en université en sciences de gestion (pour évoquer un domaine comparable à celui de nos écoles), atteint un montant supérieur à nos propres coûts !

Ce ne serait donc pas délirant, du point de vue économique, d’augmenter les frais de scolarité en université. En ciblant les filières dans lesquelles on sait qu’il y a des débouchés, de l’emploi donc le potentiel pour emprunter si nécessaire et être ensuite en mesure de rembourser ses études. Ce mécanisme met clairement en lumière le fait que la formation est un investissement rentable.

Evolution culturelle

L’augmentation des frais de scolarité est inéluctable et souhaitable pour le pays. On ne peut pas continuer à demander à la collectivité de financer un système où en licence, il y a jusqu’à 60 % d’échec. Cette question des droits de scolarité est donc intimement liée aux enjeux d’orientation après le bac et à l’effroyable gâchis de l’échec en licence.

Propos recueillis par Ariane Fery

Déjeuner Ajéduc – CPU – jeudi 4 mai 12 h30

A trois jours du second tour de l’élection présidentielle, l’Ajéduc vous propose de rencontrer les présidents d’université, à l’issue du conseil d’administration de la CPU.  Quelles sont leurs attentes vis-à-vis du prochain président ? Comment envisagent-ils la rentrée 2017 ? Vous pourrez échanger avec plusieurs présidents d’université lors d’un déjeuner informel.

Date et heure : jeudi 4 mai 12h30

Lieu à définir ultérieurement (dans le centre de Paris)

Attention, rencontre limitée à 15 journalistes.

Pour vous inscrire, il suffit de remplir ce doodle.

 

Anne Barrère : «La culture envahissante de l’évaluation contribue à démoraliser les enseignants»

barrereLa question de l’Ajéduc à Anne Barrère, professeure en sciences de l’éducation à l’université Paris-Descartes (Sorbonne Paris Cité)

Question. C’est en sociologue du travail, après avoir été enseignante, que vous étudiez le système éducatif. Et alors que la quasi totalité des politiques et des médias se demande comment remédier aux médiocres performances françaises, vous estimez, comme Diane Ravitch aux Etats-Unis, que « c’est la recherche de l’efficacité qui devient le problème ». Qu’avez-vous contre l’efficacité ?

Anne Barrère. Personne n’a rien, et en tout cas pas moi, contre l’efficacité proprement dite. En revanche, le problème est la manière dont elle est prise en charge actuellement par une culture de l’évaluation, à tous les niveaux du système. A presque tous les niveaux devrais-je dire, car si les enseignants ou les établissements scolaires sont volontiers jugés en défaut d’efficacité, peu d’évaluations font le lien entre les insuffisances du système français et son encadrement, l’état piteux de la formation des enseignants etc. Les prescripteurs d’efficacité s’exonèrent assez bien eux-mêmes des constats évaluatifs.

Le problème n’est pas, bien entendu, que l’on fasse des diagnostics ou des comparaisons internationales, mais la manière dont ces diagnostics servent, au niveau local, à créditer ou discréditer tel type d’acteurs ou d’actions… alors même que l’expertise en éducation est complexe et incertaine.

Parce que j’étudie le système éducatif au travers du travail et non des politiques scolaires en tant que telles, je constate que le problème est aussi le temps et l’énergie dépensés en des tâches d’évaluation : remontées d’informations, documents à remplir… – Ces tâches sont la plupart du temps bureaucratiques, éloignées du cœur de métier et leur résultat n’est parfois même pas pris aux sérieux par ceux qui les demandent, devenant ainsi totalement absurdes.

Il faut aussi comprendre que l’efficacité mesurée par les performances scolaires est compatible avec des systèmes scolaires très différents entre eux, et qui ne sont pas tous également désirables… La recherche de l’efficacité est alors un cache-misère de l’absence de projet éducatif.

Il est intéressant que cette culture de l’évaluation soit l’objet de critiques internationales, qui plus est venant du monde anglo-saxon, censé lui être plus favorable. Les risques du « teaching to the test » transformant les nations et leurs écoles en autant d’élèves d’une gigantesque classe mondiale sont désormais bien connus.

Mais surtout les constats d’une démoralisation et d’un découragement des professionnels de l’éducation sont aujourd’hui, dans des contextes différents, à bien des égards favorisés par les produits d’une culture envahissante de l’évaluation, pourtant l’objet d’un consensus unanime de la part des décideurs.

Propos recueillis par Luc Cédelle

Retour sur l’atelier autour du datajournalisme dans l’éducation et l’enseignement supérieur

L’atelier à distance autour du datajournalisme dans l’éducation nationale et l’enseignement supérieur a réuni une quinzaine de journalistes membres de l’Ajeduc. Animé par Emma Ferrand, vice-présidente de l’Ajeduc, il s’est déroulé le mardi 6 décembre 2022 avec trois intervenantes du secteur : Nalini Lepetit-Chella, datajournaliste à l’AFP (ex-News Tank, ex-AEF, …), Alexiane Lerouge, datajournaliste (AEF info), Manon Pellieux, datajournaliste (L’Etudiant-Educpros)

Pour commencer cet atelier, quelle est votre formation, notamment au datajournalisme ?

Nalini Lepetit-Chella : J’ai un master de journalisme à l’Ijba et j’ai eu la possibilité de réaliser ma deuxième année dans un master spécialisé data et visualisation à Madrid, pour faire de l’investigation.

Manon Pellieux : Je me suis formée à travers mon contrat d’apprentissage et je pense que beaucoup de personnes sont comme moi, à s’autoformer au datajournalisme. Il existe beaucoup de ressources disponibles sur Internet si je veux apprendre de nouvelles choses, avoir des nouvelles compétences.

Alexiane Lerouge : je suis passée par l’ESJ Lille en presse écrite web, avec un petit intérêt pour le data. Puis, j’ai fait un apprentissage pour le média Alternatives Economiques, où il y avait notamment une volonté de développer la datavisualisation, qui m’a permis de me lancer sur le sujet. A force, j’ai réalisé les possibilités de faire de l’enquête avec des données. Je pense qu’il faut à la fois maitriser le visuel et la donnée, c’est un ensemble. Mais je remarque que beaucoup de personnes ne maitrisent qu’une seule facette.

Quelles sont les méthodologies de travail en fonction des besoins de data ? (classements, analyses, enquêtes…) 

Nalini Lepetit-Chella : Cela dépend des besoins et du sujet, on utilise différents outils, à des degrés différents. Un exemple : sur un sujet que j’ai pu faire récemment sur l’impact de la réforme du lycée sur les élèves issus des milieux populaires ? J’ai pu utiliser des données, remis en contexte en faisant des ITW, notamment de professeurs, pour appuyer le propos. Il faut aller au-delà des données, qui sont « une seule source d’information », au même titre qu’un document ou une personne.

Alexiane Lerouge : Je rejoins Nalini sur cette approche. J’ai travaillé pour le média Disclose, qui a l’avantage de faire travailler en équipe. Le travail sur les données n’est jamais suffisant.  J’ai récemment fait une série pour AEF info sur les fonds de roulement des universités alors que je n’avais jamais fait de comptabilité. Donc il faut faire beaucoup d’entretiens pour éviter de dire n’importe quoi.

Manon Pellieux : de mon côté c’est un peu différent. Je m’occupe notamment des classements au sein de l’Etudiant, ce qui implique de récolter nous-mêmes de la donnée, via l’open data ou des bases semi-fermées, mais aussi de créer des questionnaires à envoyer aux établissements. Il faut s’assurer que les questionnaires sont bien compris par les interlocuteurs. Une fois qu’on a toutes les données, il faut calculer mais aussi vérifier car c’est du déclaratif de la part des écoles.

Comment trier les données, comment s’y retrouver pour faire la part des choses ?

Nalini Lepetit-Chella : C’est comme avec une interview : on ne réutilise pas tout, il faut trier, scanner au regard de l’angle qu’on essaye d’approfondir. L’enjeu est de s’y retrouver dans beaucoup d’informations.

Alexiane Lerouge : Entre plusieurs jeux de données, je conseille de prioriser la donnée la plus claire, précise et complète, surtout si on est en flux tendu. On peut se rendre compte parfois qu’il y a des données qui manquent, mais à la fin du travail. Il faut alors contacter d’autres sources, voire l’auteur du jeu de données. Un bon réflexe est donc de vérifier dès le début que les données sont complètes.

Faire du datajournalisme, c’est un truc pour les fans de mathématiques ? (aka l’angoisse du tableau Excel)

Alexiane Lerouge :  On a toujours une première hésitation, mais quand on prend l’habitude et avec tout ce qu’on peut faire avec la donnée, c’est difficile de ne pas devenir accroc ! Mais je n’avais pas un profil très matheux au départ. Par contre, j’aime aller travailler dans des domaines que je ne connais pas. Mais quand on a un doute, il est important de se reposer sur des collègues plus expérimentés ou les auteurs de ces données.

Manon Pellieux : J’ai juste un bac S. A mon sens, il n’y a pas besoin d’avoir une grosse connaissance en maths. Quand on a cet intérêt pour la data, on se rend compte de détails qu’on n’aurait pas eu sur un sujet en allant juste sur le terrain. Par contre, mieux vaut avoir un intérêt pour les nouvelles technologies et rester informée. Il faut apprendre à s’autoformer, les outils peuvent évoluer très vite, même sur un an.

Nalini Lepetit-Chella : J’aime les maths. Mais ce que j’aimais faire en maths, je ne l’ai pas retrouvé dans le travail de datajournaliste. Ce qui est utile, c’est d’avoir des bases dans les statistiques. Mais il n’y a pas besoin de connaissances poussées, plutôt d’avoir une rigueur dans sa méthode de travail, appliquer la logique.

Est-ce que les jeux de données sur lesquels vous travaillez se professionnalisent avec le temps, sont plus « propres » ?

Alexiane Lerouge :  On a rencontré récemment la cheffe du Sies (Sous-direction des systèmes d’information et des études statistiques) qui dit vouloir mieux professionnaliser les données publiques. Il y a quelques années, on allait sur data gouv et les tableurs étaient absurdes, sans grand intérêt. Au MESR, il y a un vrai échange entre journalistes et producteurs de données. Mais il y a encore du travail.

Manon Pellieux : Je trouve que les données de l’ESR sont globalement mieux qu’ailleurs, notamment en comparant avec celles des ministères de la Culture et des Transports. Il y a une meilleure régularité de publication, on a des réponses à des demandes de données détaillées… C’est parfois un peu compliqué mais on a l’impression que c’est plus carré et proactif dans l’ouverture des données. Mais dans la structure, il peut y avoir des choses à améliorer.

Nalini Lepetit-Chella : C’est un travail au niveau ministériel lié à la transparence, qui passe par l’ouverture des données. Il y a de plus en plus de jeux de données, donc ils sont obligés de se professionnaliser. J’imagine qu’à une époque, cela a été fait plus à contre cœur et avec moins de professionnels.

Intervention de Manon, une invitée doctorante : Le MESR est l’un des seuls ministères à s’être lancé sur le sujet de l’ouverture de ses données en 2014 de son plein gré, d’où une meilleure qualité par rapport à d’autres ministères.

Est-ce qu’il y a une communauté entre data journalistes pour peser et essayer d’obtenir plus rapidement des données ?

Manon Pellieux : Il y une petite communauté de data journalistes de l’ESR, qui peut avoir ses avantages. Par exemple, un journaliste fait une demande spécifique auprès du Sies, qui prend du temps, et ensuite il fait tourner les données à d’autres journalistes. Être plusieurs à demander doit avoir un poids auprès des ministères. 

Nalini Lepetit-Chella : L’association des journalistes pour la transparence (dont fait partie Alexiane), elle aide les journalistes à faire valoir leur droit à l’accès aux informations publiques, notamment en les soutenant dans le cadre de la Cada (La Commission d’accès aux documents administratifs), qui est technique et chronophage. Existe aussi une communauté assez large de datajournalistes au sein de « Datajournos », avec du partage de données, d’informations.

Quelle relation avec les rédacteurs et rédactrices en chef ?

Alexiane Lerouge : Je fais en sorte de travailler auprès de rédactions qui sont sensibilisées au datajournalisme. Parfois les chefs nous prennent pour des « lutins magiques », en citant un journaliste des Décodeurs. Les demandes sont parfois un peu trop élevées par rapport au temps nécessaire. Pour les pigistes payés au feuillet, c’est parfois compliqué d’expliquer qu’il y a un gros travail préalable sur les données, qui prend plus de temps que juste faire des interviews. J’ai l’impression que depuis que la communauté des datajournalistes a pris forme, il y a des échanges qui permettent de se donner des conseils entre pigistes mais aussi de meilleurs aiguillages pour savoir avec quels médias travailler. Il y a de plus en plus de datajournaliste pigistes.

Nalini Lepetit-Chella : On peut aujourd’hui discuter avec les rédacteurs en chef, ce qui semble plus commun qu’avant. Par contre, il reste des efforts de pédagogie à faire dans les rédactions qui n’ont pas misé sur le data. Mais même dans les rédactions ayant misé dessus, il faut faire un travail de pédagogie auprès des collègues. On peut être perçu comme de simples « techniciens » par certains. Mais non, nous sommes des journalistes, avec certains types d’outils.

Intervention de Dahvia : Traiter de la donnée demande du temps, mais je reconnais que je n’en avait pas forcément conscience, notamment lors des demandes adressées aux pigistes. Le jeu de données est aussi très intéressant pour objectiver des choses et les opposer auprès d’intervenants lors d’un entretien. Un data journaliste, c’est data et journaliste. Il reste un gros travail d’acculturation à faire.

Manon Pellieux : On m’a recommandé de considérer, en pige, une infographie comme un feuillet. Une rédaction a accepté de payer le travail de fouille des données, en plus de la pige. Il faut tenter le coup même si ça ne marche pas toujours.

Des conseils pour celles et ceux qui veulent se lancer ?

Alexiane Lerouge : Faire de l’infographie est une bonne façon de commencer, cela oblige à mettre un premier pied dans Excel. On prend vite le coup. Ensuite, on peut être de plus en plus ambitieux.

Nalini Lepetit-Chella : Oui, il faut être progressif et avoir des collègues qui s’y connaissent permet de gagner du temps.

Manon Pellieux : Pareil, et il faut un travail de veille pour continuer de se former, et aussi s’inspirer.