Suite de notre série d’entretiens sur la manière dont les questions d’éducation sont traitées par les médias, lancée à l’occasion du colloque organisé par les Cahiers pédagogiques le 30 octobre 2012.

Rencontre avec Luc Cédelle, journaliste au Monde, blogueur et auteur d’ouvrages sur l’éducation.
Ajéduc : Parle-t-on assez des questions d’éducation dans les médias ?
Luc Cédelle : « Le point clé n’est pas la quantité, mais la qualité qui dépend moins du journaliste, de son éthique ou de son acharnement que des contraintes de productivité qui pèsent sur lui. Ce domaine est un vivier d’articles. Mais dès qu’on creuse les questions d’éducation, on se heurte à une certaine complexité. Cela signifie qu’il faut travailler plus, lire deux ou trois bouquins, aller voir un chercheur d’un avis différent, revérifier sur le terrain… prendre le temps. Dans une presse en crise, la tentation est de tout faire à l’économie : économie d’argent, d’énergie et d’investissement intellectuel. Ce système demande du simple de l’efficace, du percutant. La doctrine en vigueur est celle de la superficialité. »
Ajéduc : Comment les journalistes éducation se portent-ils ?
L. Cédelle : « Il y a un peu plus de dix ans, l’espèce des journalistes éducation semblait en voie de disparition. Aujourd’hui, une nouvelle génération de journalistes éducation semble arriver à maturité. C’est l’une des évolutions positives de ces dernières années. L’éducation est un sujet total dans lequel on retrouve les grands enjeux de société, la grande politique, les grands débats d’idées, en lien avec le politique, le social, l’économique, etc. Il faut un temps incompressible pour réussir à comprendre ce qui se passe. D’ailleurs, à me débuts dans cette spécialité, je me suis demandé si je n’étais pas dans l’incompréhension totale ! »