Suite de notre série d’entretiens sur la manière dont les questions d’éducation sont traitées par les médias, lancée à l’occasion du colloque organisé par les Cahiers pédagogiques le 30 octobre 2012.
Rencontre avec Antoine Prost. Historien de la société française au XXe siècle, il est spécialisé dans les questions d’éducation. Depuis les années 1960, il a aussi collaboré à la définition de politiques d’éducation.
Ajéduc : Aujourd’hui, parle-t-on assez des questions d’éducation dans les médias, notamment en comparaison d’époques antérieures ?
Antoine Prost : « C’est toujours le problème de la poule et de l’œuf. On ne sait jamais si l’opinion publique s’intéresse à un sujet parce que les médias le traitent, ou si les médias traitent le sujet parce qu’il intéresse l’opinion. Dans les années soixante et un peu au-delà, la grande presse quotidienne parisienne accordait une place considérable, des pages entières, aux débats éducatifs. Dans le même temps, le ministre de l’Éducation nationale de l’époque, Christian Fouchet (de 1962 à 1967), faisait des émissions télévisées spécifiquement consacrées à l’Ecole qui duraient entre une heure à une heure et demie. Les sujets d’éducation étaient donc vraiment à la Une. D’autant que certains journalistes étaient tout à fait spécialisés, ils connaissaient l’Éducation nationale aussi bien sinon mieux que le ministre, comme par exemple Bertrand Girod de l’Ain au quotidien Le Monde ou Jean Papillon au Figaro.