
L’Ajéduc : Le président LR (Les Républicains) de la région Auvergne – Rhône-Alpes, Laurent Wauquiez, a annoncé le 21 janvier que, conformément à ses promesses de campagne, des portiques de sécurité vont être installés dans une quinzaine de lycées dans le cadre d’une expérimentation et en vue d’une généralisation à tous les établissements de la région avant la fin de 2016. Que vous inspire cette décision ?
Éric Debarbieux : « Laurent Wauquiez ne fait rien d’autre que tenir ses promesses. Cela reste pour autant une triste défaite de la raison. Il est inutile d’invoquer à ce propos un désaccord idéologique. Au nom même de la « protection situationnelle » cette proposition est techniquement inepte. Tout point de concentration est potentiellement une cible. Les portiques non seulement concentrent les personnes mais de plus les fixent. S’agit-il, comme c’est présenté, de dissuader d’éventuelles attaques ? Il est difficile de compter sur la politesse du gentil terroriste qui va choisir de passer les portiques avec sa kalachnikov ou sa ceinture explosive alors qu’un lycée s’étend sur parfois plus d’un hectare. Il en va de même de la vidéoprotection. Espérer qu’elle effraye le terroriste est d’une naïveté déconcertante : tout school shooting est un drame de la communication, où être visible par vengeance ou par revendication est indispensable !
De plus les faits sont têtus. La recherche internationale sur les massacres scolaires a depuis longtemps montré que 75% de ces faits sont liés à des violences internes, elles-mêmes liées au harcèlement scolaire. Que c’est d’abord un problème pédagogique. Ce ne sont pas d’affreux babas cool qui le disent mais les horribles gauchistes du FBI… 95% des faits de violence scolaire sont commis en interne. Penser qu’on traitera cela en enfermant l’école sur elle-même est une mollesse de la pensée et une méconnaissance de la réalité. C’est d’ailleurs un des leitmotivs énoncés par les experts internationaux réunis pour les « États généraux de la sécurité à l’école » que Luc Châtel, ministre de l’Éducation sous Nicolas Sarkozy, m’avait demandé de présider en 2011… Les 20 millions d’euros qui vont être régionalement consacrés à cette non-solution me laissent économiquement pantois car si c’était efficace, il faudrait équiper la moindre école de village ! Ils me font craindre le pire tant les élèves ainsi « détectés » vivront ces mesures comme un manque de confiance. C’est aussi de cette méfiance que naît finalement la violence antiscolaire. »
Propos recueillis par Luc Cédelle
C’est vraiment prendre nos ennemis pour des imbéciles que de croire que les portiques vont les dissuader, quand il suffit de franchir un grillage. Sous-estimer les terroristes c’est mal identifier le danger et se rendre incapable de le prévenir.
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Ce n’est pas pour autant qu’il ne faille rien faire !!!
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