J.-P. Juilland : « L’école aura beaucoup de peine à compenser le manque de mixité urbanistique »

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Le 12 octobre, le réalisateur avait invité les membres de l’Ajéduc à une avant-première de son film à Paris. Dis Maîtresse ! n’est pas un documentaire sur la mixité, mais sur le travail des enseignants auprès des tout-petits et l’éveil de ces enfants au monde de l’éducation à l’école.

Ajéduc :  « Depuis les attentats du 13 novembre, un aspect de votre film prend encore plus d’importance – c’est d’ailleurs une phrase qui figure dans la bande annonce – : ‘Ils apprennent à vivre ensemble.’ Est-ce l’une des raisons qui vous ont incité à ne pas repousser la sortie en salles ?

Jean-Paul Julliand : Oui. Depuis ce qui s’est passé, le film a changé de statut. Au-delà de ses côtés humain et pédagogique sur le rôle de l’école, c’est devenu un film social et politique. Scolariser les enfants de moins de 3 ans des quartiers populaires est une graine, parmi des milliers d’autres, que l’on sème pour qu’un jour, peut-être, des événements comme ceux du 13 novembre ne se reproduisent plus. Bien sûr, ces graines, il faut les arroser. Des vents contraires peuvent venir les briser, les tordre, mais à travers son école, la France aura joué son rôle si on donne les moyens à ce type d’expérience d’exister et de continuer. En tout cas, j’espère que ce film aura assez d’écho pour qu’on réactive cette mesure dont on ne parle plus trop.

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Georges Felouzis : « La politique d’éducation prioritaire ne sort pas l’école du bourbier ségrégatif »

©Georges Felouzis.
©Georges Felouzis.

Professeur de sociologie des politiques éducatives à l’université de Genève, Georges Felouzis est notamment l’un des coauteurs de L’Apartheid scolaire (éd. Seuil, 2005). Il répond à « la question du mois » de l’Ajéduc.

Ajéduc : Au nom de la préservation du « vivre ensemble », le monde politique français, de Manuel Valls à Najat Vallaud-Belkacem et jusqu’à certains dirigeants de l’opposition, ne jure plus que sur la mixité sociale, notamment à l’école. Se dirige-t-on vers une réelle remise en cause de « l’apartheid scolaire » ?

Georges Felouzis : « L’un des problèmes majeurs de l’école en France est celui du décalage croissant entre les discours sur le vivre ensemble, la citoyenneté, l’égalité des chances, etc., et la réalité profondément inégalitaire et ségrégative. Notre école est parmi les plus inégalitaires en Europe, c’est en France que la réussite scolaire et les apprentissages dépendent le plus de l’origine sociale des élèves, du diplôme de leurs parents, de leur niveau économique. 

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