La question de l’Ajeduc, à Bernard Koehret, créateur d’Admission post-bac (APB) :
Question : Des milliers de bacheliers s’étant retrouvés sans formation à la rentrée, beaucoup ont rejeté la faute sur APB, dont vous êtes le concepteur… S’est-on trompé de combat ?
B.K.:.Dans le discours concernant APB, il y a en permanence une confusion entre deux algorithmes : en l’absence de réglementation permettant aux universités de choisir leurs étudiants lorsque la demande est plus forte que la capacité d’accueil, un premier algorithme de classement des candidats à une licence est utilisé, un algorithme d’affectation est ensuite mis en œuvre pour satisfaire au mieux les souhaits des candidats.
La Cour des Comptes, dans son rapport d’octobre 2017, précise : « L’adossement de la procédure à un algorithme d’affectation est un des éléments fondamentaux de l’optimisation induite par APB car il permet de faciliter le processus naturel de rencontre entre offre et demande de formation ».
Les critiques des usagers, de la Cour des Comptes et les injonctions de la CNIL portent sur les critères et le tirage au sort utilisés dans le premier algorithme. Concernant la hiérarchisation des vœux des candidats et l’algorithme d’affectation, tout le monde reconnaît son efficacité qui permet de réduire le stress de la plupart des candidats.
Il ne faut pas se tromper de cible : être éliminé d’une licence par un tirage au sort parce que la réglementation n’autorise rien d’autre n’est évidemment pas satisfaisant. En déduire qu’il ne faut plus demander aux candidats de classer leurs vœux et d’utiliser un algorithme pour satisfaire au mieux ces vœux est une erreur.
Evidemment l’utilisation d’un algorithme ne résout pas tout : en 2017, 808 000 candidats ont participé à APB pour 654 000 places, 81% des candidats ont obtenu un de leurs trois premiers vœux. Par manque de places, quelques milliers de candidats n’ayant pas fait un nombre suffisant de vœux adaptés sont restés sans proposition comme chaque année sans qu’on soit sûr qu’un nombre significatif de ces candidats n’aient pas trouvé une formation préférée hors APB.
Propos recueillis par Erwin Canard