Pascal Balmand : « Je suis favorable à ce que nos établissements soient tous dans une logique de mixité »

Pascal Balmand est secrétaire général de l'enseignement catholique. © Enseignement catholique.
Pascal Balmand est secrétaire général de l’enseignement catholique. © Enseignement catholique.

Ajéduc : « Le ministère de l’éducation mène dans une vingtaine de départements une expérimentation destinée à ‘renforcer la mixité sociale dans les collèges’ dès la rentrée 2016. L’enseignement privé sous contrat est associé à cette expérimentation. Que pouvez-vous faire pour que celui-ci participe à renforcer la mixité sociale, notamment au sein de l’ensemble des collèges d’un territoire ? »

Pascal Balmand : « Nous participons à cette expérimentation parce qu’il y a une convergence entre la volonté du ministère et la nôtre, qui correspond à un élan donné par mes prédécesseurs. Au printemps 2014, nous avons voté une déclaration d’intention politique dite de ‘réussite pour tous’, autour d’objectifs de mixité sociale et scolaire. J’insiste sur le deuxième terme, car il existe aussi des établissements ouverts à des enfants de milieux sociaux défavorisés qui sont scolairement très sélectifs.

Quand nous parlons de mixité, c’est d’abord pour des raisons éducatives : on ne fait pas grandir un enfant et un jeune dans l’entre-soi permanent. Chaque établissement doit offrir à l’élève qu’il accueille l’opportunité de rencontrer des élèves d’autres milieux que le sien. Je suis favorable à ce que nos établissements soient tous dans une logique de mixité. Il y a là des enjeux sociaux, politiques et sociétaux. Mon objectif est que chaque établissement, en partant de là où il est , fasse du chemin dans cette direction.

En septembre-octobre 2015, nous avons mis sur la table des outils concrets pour gérer les moyens en vue de la préparation de la rentrée 2016. L’idée est qu’une instance puisse hiérarchiser les projets qui supposent des moyens de l’État (ouverture de classes, de filières, d’établissements…) dans chaque territoire académique en fonction d’une série d’indicateurs à la fois statistiques et mesurables (le taux de boursiers, les catégories sociales de parents…) et plus complexes, qualitatifs, comme la politique pédagogique mise en œuvre, la manière dont le projet favorise la mixité sociale et scolaire, le caractère innovant du projet éducatif, l’inclusion du handicap, le partenariat avec les familles…

Nous avons notre spécificité et ne pouvons donc nous insérer dans la logique de carte scolaire. Elle porte en elle une pratique d’affectation administrative des élèves, alors que ce qui se joue chez nous, c’est la démarche volontaire d’adhésion à un projet. Ce n’est pas négociable, mais il est souhaitable, en tant que partenaires de l’État et dès lors que nous sommes bien dans une logique de dialogue, d’associer nos établissements aux efforts faits sur un territoire.

Nous manquons encore d’outils permettant une vision globale de l’ensemble des établissements de l’enseignement catholique, mais ce qui me frappe est l’extraordinaire diversité des cas de figure, entre des établissements n’accueillant que des enfants issus de milieux très fragiles et d’autres exclusivement fréquentés par des élèves des classes moyenne et supérieure. Ce qui me semble être également le cas dans l’enseignement public, où les grands lycées de centre ville n’offrent pas le visage d’une mixité sociale ou culturelle. La ligne de démarcation n’est pas forcément entre le public et le privé. Il s’agit plutôt d’une question d’histoire et d’identité des établissements. »

Propos recueillis par Isabelle Maradan

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