Programmes d’histoire, de l’ambition à la désillusion

Laurence de Cock, professeure d’histoire-géographie et membre du collectif Aggiornamento. © L. de Cock.
Laurence de Cock, professeure d’histoire-géographie et membre du collectif Aggiornamento. © L. de Cock.

À peine sortie de sous le boisseau, la première mouture des programmes d’histoire provoquait une levée de boucliers entraînant leur réécriture. La version finale est fortement critiquée par les membres du collectif Aggiornamento. Laurence de Cock, professeure d’histoire-géographie et membre de ce collectif, s’en explique à l’Ajéduc.

Ajéduc : Pourquoi les membres du collectif Aggiornamento préféraient-ils la première mouture de la réforme des programmes d’histoire ?

Laurence de Cock : « Cette première mouture proposait des thèmes volontairement très larges et surtout des approfondissements au choix. Pour la première fois, on donnait aux enseignants la possibilité d’une véritable modulation de leur progression. C’était l’opportunité de donner une consistance autre qu’incantatoire à la formule de « liberté pédagogique ».

C’était également une porte ouverte à la redéfinition de l’évaluation des enseignants, qui ne se ferait plus sur le respect de la lettre d’un programme, mais davantage sur le dialogue autour de ses choix. Ces programmes étaient un défi à la profession, peu habituée à cette souplesse ; la gageure était de taille et stimulante.

Enfin, les choix de sous-thèmes obligatoires montraient une ouverture aux questions sensibles (traites, esclavage, islam) assumées comme des priorités éducatives dans une France plurielle et en proie aux remises en cause de son récit nationalo-républicain. Cette mouture était courageuse. Trop sans doute, raison pour laquelle le débat a été si vif et si immédiatement politisé.

Le rappel au classicisme, avec la suppression des choix et l’approche franco ou européo-centrée qui revient dans la mouture finale, ferme cette fenêtre d’opportunité pour longtemps, je le crains. Elle met également à mal la capacité de dialogue entre les enseignants et un gouvernement qui a préféré répondre à des contempteurs médiatiques. »

Propos recueillis par Marie-France Rachédi

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