
Nicolas Cadène, rapporteur de l’Observatoire de la laïcité, était l’invité de l’Ajéduc le 11 mars dernier, pour la rencontre « Laïcité et éducation : 10 ans d’échec (2004-2014). Comment redonner du sens à l’école républicaine ? » Une douzaine de membres de l’association ont participé à cette discussion. Voile à l’université, proposition de loi visant l’interdiction du voile pour les nounous ou enseignement du fait religieux ont notamment été abordés.
Concernant la proposition du député Éric Ciotti (UMP ) d’interdire le voile à l’université, Nicolas Cadène fustige les « lois d’émotion » et souligne que la France est déjà l’un des pays les plus restrictifs. « Il faut arrêter d’être obsédé par les apparences. S’il y a prosélytisme, perturbation de cours, oui, il faut des sanctions. Mais ce n’est pas parce qu’on n’aime pas quelque chose qu’on l’interdit. » Il rappelle aussi que la neutralité ne s’applique pas aux usagers, sauf à l’école publique.
Autre proposition de loi présente dans l’actualité, celle du parti radical de gauche visant à interdire le voile aux assistantes maternelles. À ce propos, Nicolas Cadène réagit vivement, jugeant cette proposition « scandaleuse, contre-productive, dangereuse ». « C’est une rupture du principe d’égalité », affirme-t-il.
Côté école, Nicolas Cadène juge que le fait religieux doit être mieux enseigné, ceci à travers plusieurs disciplines, car la méconnaissance alimente « les clichés, le repli sur soi ». « Peut-être que cet enseignement permettrait de céder moins facilement à des lectures rigoristes », note-t-il en précisant que les programmes et les manuels scolaires « ne prennent pas suffisamment en compte toutes les cultures qui ont façonné le récit national ».
Interrogé sur des positions que d’aucuns jugeraient « angéliques », le rapporteur de l’Observatoire de la laïcité répond qu’il faut agir de manière « responsable » et qu’il faut « traiter les causes » avec, notamment « des politiques ambitieuses en matière de mixité sociale ». Il observe que – contrairement à certains intellectuels qui expriment des positions tranchées sur la question – les membres de l’Observatoire de la laïcité effectuent des visites sur le terrain.
Cela ne permet pour autant pas encore de donner l’ampleur exacte des situations litigieuses liées à un militantisme religieux. Ni leur évolution. À ce propos, le rapporteur rappelle que Le Haut Conseil à l’intégration (HCI) n’a pas fait d’étude quantitative et qualitative des situations problématiques. L’Observatoire apportera des éléments d’évaluation au printemps 2015.